12 à 17 Mois : Vivre à  Paris, après les attentats

Vivre à PARIS où comment y vivre est la grande question du moment face à ces événements.

Ce week-end là nous étions absents, en Lorraine, loin de toute cette agitation. Quand on est loin, on ne se rend pas compte même si la télé retranscrit bien les choses.

Dans le train du retour, le cœur commence à palpiter, comment se fera l'arrivée à Paris...la sortie se passe sans encombre, 5 min et on est en sécurité à la maison.

Et puis comment se passera le long chemin pour la crèche ? Car oui, nous avons fait des pieds et des mains pour obtenir une place en crèche mais maintenant que nous l'avons depuis une semaine, le doute se pose : ce genre d'individus ne s'arrêteraient pas devant des enfants, on l'a déjà vu il y a quelques années.

Et la réalité me rattrape vite, le métro, République. Sortir de cette station amène beaucoup d'émotions, on est au cœur des événements et ça se ressent. Et puis en temps normal la place n'est pas remplie de camions de télévisions et il n'y a pas autant d'animations de la vue de mon bureau.

Je m'en rends compte, ces victimes ça aurait pu être nous, ce sont nos quartiers, nos lieux de sorties, notre mode de vie. Pas plus tard qu'il y a un mois nous nous sommes promenés dans ces quartiers avec Emma : une brocante un dimanche après-midi rue Bichat, le marché du quartier le matin,  un arrêt pour prendre un verre au carrefour de la rue Fontaine au Roi... des proches rescapés ont vécu ce drame et nous nous sentons vraiment concernés.

Quitter Paris ? Ce n'est pas prévu pour le moment ! Nous serons inquiets et angoissés à chaque bruit suspect ou sirène de pompiers mais nous allons continuer à vivre dans cette belle ville que nous aimons temps, pleine de surprises à chaque détournement de rue. Bien sûr nous allons éviter des endroits pouvant risquer comme les grands magasins ou les marchés de Noel mais nous ressortirons aussi bien pour nous que pour Emma qui aura besoin de découvrir de nouvelles choses, aller à la rencontre des personnes, visiter des musées, aller à la piscine ou se défouler le week-end au parc.

Et puis, Emma n'en a rien à faire de ces événements, elle ne se rend pas compte car trop petite pour comprendre, elle,  elle garde sa joie de vivre, ses petites habitudes et continue de faire le clown à se cacher derrière un tissu pendant que nous regardons ces tristes informations. Dans notre malheur, nous échappons également à la dure explication des méchants qui attaquent les gentils dans les rues de Paris, au hasard des rencontres. Ça nous aurons le temps de lui expliquer dans quelques années, de lui dire qu'elle est née là, dans ce monde cruel mais dans la magnifique ville que nous avons choisi pour elle, elle devra garder sa joie de vivre, avoir ses convictions, profiter de la vie, de ses choix, des différences pouvant exister avec les autres et des petits plaisirs. Bien sûr, nous nous inquièterons et ne cesseront d'y penser lorsqu'elle demandera à aller à son premier concert ou boira un verre en terrasse avec des amis...

La devise que je veux inculquer à Emma est « tout va pour le mieux dans le meilleur des monde », il faut savoir se relever, apprendre de ses problèmes et aller de l'avant. Courage bébé on va s'en sortir !