12 à 17 Mois : Théodore et Georges

Deux prénoms : un petit garçon et un chat. Souvent la confusion, l'un est appelé par le nom de l'autre dans un grand éclat de rire.

Georges est un gros chat roux aux yeux aussi orange que son pelage. Doux et délicatement tigré, il est le quatrième membre de la famille et occupe l'espace de son caractère fantasque et paresseux. J'ai grandi entourée d'animaux et il était inconcevable que mon fils ne connaisse pas cette joie. Si la maison de mon enfance pouvait abriter chats, chiens et poules mes aspirations en la matière ont été calmées par la taille de notre appartement. Trop de livres, trop de bazar mais tout de même la place pour « un Georges ».

Pendant les premiers mois de ma grossesse Georges, contrairement à ses habitudes, se tenait à distance à la fois inquiet et effrayé. Puis mon gros ventre est devenu son lieu de sieste favori et il a bien souvent fait des bonds, réveillé par les coups que Théodore lui donnait.

À mon retour de la maternité, nous avons posé le couffin par terre et Georges s'est approché, l'a humé, regardé, a tendu son cou pour voir ce qu'était cette étrange petite créature emmitouflée. Puis, avec la nonchalance qui caractérise les félins il s'est éloigné.

Si nous avons toujours pris garde à ce que l'un ne blesse pas l'autre, nous n'avons jamais eu peur et jamais craint que Georges ne s'installe dans le berceau de notre fils. Hausser le ton suffisait en général à lui faire comprendre qu'il n'était pas le bienvenu et que Théodore était encore trop petit pour jouer avec lui. Au fil des mois, Georges est devenu de plus en plus présent dans la vie de son petit maître. Partageant son tapis d'éveil, assistant à son repas, déboulant dans sa chambre dès le matin et à peine la porte ouverte.

Théodore le connaît parfaitement et les mots « chat » et « Georges » sont joliment associés dans son esprit de bébé. Nous avons nos habitudes, une routine bien à nous. Chaque matin, lorsque je vais chercher Théodore pour son biberon, il fait coucou de la main à son chat avec un immense sourire.

Notre fils fait preuve d'une extrême douceur, qui ne cesse de nous surprendre, lorsqu'il s'agit de caresser Georges. Je mentirais si je disais qu'il n'y eut jamais d'oreille mâchouillée ou de poils tirés mais dans l'ensemble notre tout petit garçon a bien compris la leçon : c'est un animal et pas un jouet, un être qu'il faut respecter.

Théodore est un enfant très câlin et il affectionne ce qui est doux. Georges ne fait pas exception... Aussi, il n'est pas rare de le voir se précipiter sur son chat et frotter son petit visage contre son pelage avec un sourire béat. Il suffit d'un « Oh, regarde ! C'est Georges ! » pour que Théodore se lance à sa poursuite à 4 pattes et que le chat, qui en a vu d'autres, esquisse mollement un pas de côté feignant l'agacement.

Théodore est encore trop petit mais, dans les années à venir, il apprendra comment nourrir son chat et prendre soin de lui. Nous en plaisantons souvent et imaginons la suite. Les morceaux de jambon glissés sous la table à un Georges trop gourmand, les courses effrénées dans le jardin que nous aurons un jour, les nuits qu'ils partageront en secret alors même qu'on l'avait interdit. Et puis il y aura, c'est certain, les moments où Georges sera l'ami qui réconforte après un gros chagrin.

Théodore a des peluches et des doudous, il a sa famille qui l'aime plus que tout. Mais ce gros chat roux représente quelque chose d'infiniment unique et précieux : il est son premier ami.