12 à 17 Mois : Les colères de bébé

Il y a eu les pleurs virulents et inconsolables, les crises de nerfs et des râles douloureux. Avec les dents, Lana et nous, ses parents, avons connu les premières incompréhensions et les premières impuissances face à la douleur d'un petit bébé. La cause était « extérieure » à Lana, c'est-à-dire qu'elle était subie et imposée par la Nature. Ni elle ni nous n'y pouvions rien. Il fallait seulement trouver un remède, une position, une berceuse, qui apaisent sa grande douleur.

Sont arrivées ensuite les crises de colère : cris de rage, visage rougie, pleurs... Récemment, le palier fatidique a été passé : Lana s'est roulée par terre dans un magasin, hurlant de rage. Je l'ai regardée, j'ai laissé faire, je l'ai ensuite prise dans mes bras et consolée. Que se passe t-il ? Pourquoi ma si gentille petite fille se roule par terre et hoquette de rage ? La plupart du temps, elle agit ainsi parce qu'elle n'arrive pas à faire quelque chose. D'autres fois, parce qu'elle n'arrive pas à se faire comprendre. Et enfin, les fois les plus spectaculaires, parce que nous lui interdisons quelque chose.

Faut-il céder ?

J'ai remarqué que la plupart du temps, ces crises étaient suivies de très grands progrès, comme se tenir enfin assise, se déplacer à quatre pattes, se tenir debout, marcher, dire son premier «  Maman ». La rage passe et elle tente à nouveau de faire son exploit. Elle persévère avec beaucoup d'énergie. Même si la rage revient à chaque échec. Cette rage la fait avancer.

A la lumière de ces exemples où la frustration qui engendre la colère ne vient pas de nous, les parents, je me dis que non, il ne faut pas céder. Cette colère est nécessaire à son évolution. Elle y apprend que le monde n'est pas à ses ordres. Il y a les lois de la nature (les dents) les lois de la physique (mes fesses sont encore trop lourdes pour mes cuisses) et les lois des parents. Non, on ne monte pas sur les meubles. Non, on ne vide pas l'étagère de tous les DVD. Non, on ne sort pas du magasin une parka non payée sur le dos. Non, on ne saisit pas n'importe quel objet qui passe à portée de main. Les parents protègent des dangers mais apprennent aussi quelques règles de savoir-vivre... Paradoxalement cet apprentissage passe par l'étape peu polie de se rouler par terre en public.

Nous tenons ensuite à la prendre sur nos genoux, à la bercer. Elle se cabre comme un cheval fougueux, puis se laisse faire, se calme, voire même s'endort dans nos bras.

Sur le coup, ces crises de colère sont très dures à vivre. Pour elle, parce que cela la fatigue et l'essouffle. Pour l'entourage, qui se demande bien comment une si belle petite fille peut devenir un démon. Pour nous, parents, regardés et jugés par la foule mécontente.

Mais c'est comme ça. Nous ne céderons pas mais nous ne l'empêcherons pas non plus d'exprimer sa frustration... Il en naîtra un progrès: une compréhension, une phrase enfin prononcée ? Je ne sais.

Mais il faut bien qu'elle s'exprime. Et il faut bien qu'on lui apprenne qu'il y a des règles à respecter.

J'ai choisi cette photo parce que je ne prendrai jamais ma fille en colère ou en pleurs. C'est un manque de respect que je ne tolère pas. Pour moi, c'est dégradant. Je préfère vous offrir son regard qui me teste, quand, ayant vu une bêtise à faire, elle se tourne vers moi pour savoir si elle peut « y aller » ou si j'ai repéré moi aussi la bêtise à venir. Petit regard en coin, un brin de malice dans la pupille, la bouche ouverte...C'est juste avant que la scène  commence !