Le jeudi matin est notre matin. Nous restons ensemble, toutes les deux, à la maison. Tu te réveilles, tu m'appelles et tu ries en me voyant. Commence alors une série de "coucou-caché" avec la couette, et tu te tords de rire. Pour chaque moment de la journée, tu vas inventer un jeu.
Le coucher par exemple, est devenu singulier avec toi, tu crées de nouveaux rituels : tu nous fais prendre une douche imaginaire, ou alors tu fais une danse de la pluie de ton invention, une danse du soleil en écartant les bras, ou encore tu fermes les yeux et tu mimes une prière. Et je me demande alors où tu vas chercher tout ça. On ne sait plus ce que c'est que la banalité, avec toi.
Tes danses sont toujours l'occasion à la fois d'admirer tes capacités, à la fois de rire. Tu virevoltes, tu sautes, tu mimes les grands, tu inventes des pas chassés, puis tu me regardes du coin de l'œil avec ce petit air qui veut dire « Regarde comme je suis drôle ». A la fois fière de tes tours de ballerine et de tes tours de cirque.
Il y a aussi les parties « Actors studio » : tu prends des airs, tu fais des mimiques et tu répètes des phrases que l'on dit souvent en te moquant. Je n'avais jamais vu un enfant de deux ans jouer si bien la comédie. Tu peux faire semblant de pleurer par exemple, puis nous narguer quand on s'est fait avoir. Tu prends tes peluches et tes poupées et tu leur attribues des rôles. Et tu racontes des histoires de ton invention, avec beaucoup d'émotions.
Je me demande ce que tu vas bien pouvoir inventer, demain. Déjà, tu t'amuses à narguer ton papa « Non, touche pas à mon yaourt à boire ! » c'est parti pour un dialogue de pub inédit. Tu as l'air bien fâché... Avant d'éclater de rire, comme si souvent.
Je ne sais pas qui tu peux bien imiter, parfois. Toi, en tout cas, tu es inimitable !